L'avortement

14 Novembre 2016

Je n'ai jamais eu à avorter , j'ai cette chance d'avoir pris très tôt le pilule, de ne jamais l'avoir oubliée , de ne jamais avoir subis de violences , d'avoir toujours eu consciences de mes limites : jusqu'à il y a quelques mois je n'étais absolument pas prête à avoir un enfant, j'aurais été la pire mère du monde tout simplement parce que je ne le voulais pas. Maintenant les choses ont changées.

Je sais aussi que si la question s'était posée je n'aurais pas hésité une seule seconde à avorter . Je le sais viscéralement avoir un enfant est une chose trop grave pour s'engager à la légère. Je sais , je comprends, que certaines ne le voit pas comme ça , qu'elles ne "puissent" pas . Je respecte leurs choix . Pour moi respecter le choix de quelqu'un ça implique de le considérer comme étant mon égal dans l'aptitude qu'il a à prendre une décision et à en assumer la responsabilité à la différence de la tolérance qui implique un jugement, une "bonne réponse " sur ce sujet là ,selon moi toujours, il n'y a qu'un seul avis qui compte qu'une seule "bonne réponse" celle de la personne concernée .

Parallèlement à ça , je suis une fervente partisane de la liberté d'expression ;Tous les avis ont le droit d'être exprimés, même les pires ( mais j'ai le droit (certains peuvent même s'en faire un devoir (lol ) d'expliquer mon point de vue) .

L'autre jour , j'ai rencontré quelqu'un qui ne pensait pas comme moi sur l'avortement , soit , chacun son truc, mais cette personne ne s'arrêtait pas là . Tout en ayant un discours dans lequel elle prônait la tolérance, le respect de l'autre dus à son éducation religieuse elle m'a expliquée qu'elle , elle interdirait bien l'avortement. Ca "l'arrangerait qu'on ait pas ce choix" . Je me demande quel genre d'humaniste peut penser qu'il est toujours préférable de ne pas avoir de choix pour imposer son avis? Autant vous dire que le ton est monté mais moi face à tant de contradictions je ne peux pas me taire même si elle était notre invitée . Pas sur son choix mais sur le fait qu'elle veuille interdire à d'autres de l'avoir.

Alors déjà je préciserai que pouvoir ce n'est pas devoir . Ce n'est pas parce que ce droit existe que l'espèce humaine est menacée.

Alors oui il y a la vie (peut importe la datation personnellement je pense que tant que c'est une partie de mon corps..... mais là n'est pas le sujet ). Mais la vie ce n'est pas seulement "physique " si c'est pour vivre dans des conditions misérables, être victime d'abandon affectif ( pas forcément par malveillance mais aussi par manque de volonté, de savoir faire ) est ce que ça vaut vraiment le coup? Est ce que c'est si "respectueux de la vie" ? et la "vie" de la mère on en parle?

De même c'est dans Mon ( je m'inclus dans le truc mais c'est que sur un sujet pareil forcément on projette) corps que ça se passe même si c'est pour le laisser à d'autres après . Ces 9 mois que je n'aurais pas voulu va t-on me les rendre après ? Et si je le garde, à contre cœur, ce sacrifice il m'apportera quoi ? il apportera quoi à cet enfant ? ( ce point là rejoint une conception de vie que je ne partage pas sur la notion de souffrance : on apprécierait mieux les choses si on a souffert pour les avoirs ( j'ai demandé à mon invitée si mon gâteau serait meilleur si je m'étais brulée en le faisant mais elle n'a pas eu l'air de goûter mon humour ) . On me taxera d'égoïsme mais faire ou ne pas faire un enfant est avant tout un choix égoïste , l'enfant n'a pas demandé à naitre ou à ne pas naitre c'est donc le "parent" qui prend la décision.

Voilà c'est mon avis sur la question , il n'engage que moi et n'est ni pire ni meilleur qu'un autre mais il a le droit d'exister .